Bactéries
Les salmonelles mobiles comprennant S.Enteritidis et S.Typhimurium sont d’occurrence rare chez les volailles.

Ne pas confondre


  • Les infections par salmonelles mobiles et ubiquistes, dites paratyphoïdes qui sont un problème de santé publique, et dans de très rares cas pathogène chez les volailles. Il s’agit surtout de Salmonella Enteritidis (SE) et Salmonella Typhimurium (ST).
  • Les infections par salmonelles immobiles et strictement aviaires, par Salmonella Gallinarum-Pullorum (SGP). On parle chez les animaux de pullorose ou typhose selon les cas.
  • Les infections par salmonelles mobiles à Salmonella arizonae, responsables de signes cliniques notamment chez la dinde.

L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène


La nomenclature les classe comme Salmonella enterica sous-espèce enterica  sérovar Typhimurium (ST) et sérovar Enteritidis (SE). Ce sont des salmonelles mobiles, qu’on appelle salmonelles paratyphoïdes.

De manière générale les salmonelles sont des hôtes normaux du tube digestif des animaux et de l’Homme. De fait SE et ST provoquent des infections et un portage le plus souvent asymptomatique et persistant chez les volailles. La clinique apparaît chez des animaux débilités (jeunes) ou soumis à un stress particulier.

Les antigènes majeurs sont l’antigène somatique AgO (endotoxine thermostable), l’antigène flagellaire AgH (thermolabile, présent uniquement chez les salmonelles mobiles) et l’antigène virulence Vi (thermolabile, il cache l’AgO).

Le pouvoir pathogène va dépendre de l’adhérence aux cellules intestinales et de leur capacité à les envahir. Il dépend entre autres des flagelles, fimbriae et du LPS .

Impact sur la santé publique


Les salmonelloses ubiquistes sont la cause principale de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). On estime que plus de 70% des salmonelloses humaines sont dues à SE et ST. Elles provoquent des troubles gastroentéritiques et parfois des septicémies chez les sujets les plus faibles. Il y a traversée de la barrière intestinale puis passage dans le sang et alors dans les autres organes (arthrites, méningites, hépatites).

Les toxi-infections alimentaires collectives sont dues majoritairement à une consommation d’œufs, et parfois de viande contaminée. La contamination des œufs a lieu via le jaune (donc via les ovaires de la pondeuse) ou via souillure de la coquille par des déjections. La contamination de la carcasse a lieu à l’abattoir dans les bacs d’échaudage ou à l’éviscération.

Autres sérovars d’importance: S.Hadar, S.Virchow et S.Infantis sont aussi impliqués dans des TIAC, mais dans une moindre mesure que S.Enteritidis et S.Tiphimurium.

Les données épidémiologiques


  • Ce sont des bactéries GRAM -, anaérobie facultative avec un optimum de croissance à 37°C. Les salmonelles étant des hôtes du tube digestif, on les retrouve en très grandes quantités dans les fientes et donc dans l’environnement des animaux. Elles peuvent persister à l’abri du soleil et en conditions humides de plusieurs mois à plusieurs années. Tous les animaux peuvent être porteurs potentiels, et les insectes et le matériel peuvent jouer le rôle de vecteur.
  • La transmission peut être directe ou indirecte, verticale, pseudo verticale ou horizontale.
  • Les sérovars Enteritidis (surtout) et Typhimurium (certains sous-types) ont des propriétés invasives qui leur permettent un passage dans la circulation sanguine, puis dans les ovaires et donc directement dans le jaune d’œuf. L’oviducte peut être contaminé par voie ascendante. La contamination du poussin à l’éclosion passe par une souillure de la coquille. C’est donc une contamination « pseudo-verticale ».
  • Les Salmonella présentent une résistance significative dans le milieu extérieur : en effet certaines souches de Salmonella Enteritidis ont pu être revivifiées après 26 mois dans l’environnement. De plus ces bactéries peuvent être vectorisées par le matériel mal désinfecté, les aérosols, les oiseaux, les insectes , ou les petits mammifères. Tout cela provoque des contaminations horizontales de Salmonella à l’origine de ré-occurrences sur un même élevage ou de contamination d’un autre élevage contact..
  • La virulence de SE et ST est due principalement à l’adhésion de ces bactéries sur les cellules épithéliales et secondairement à la production d’endotoxines.
  • Les co-infections avec des coccidioses, les infections virales immuno-suppressives, des conditions d’élevage stressantes, des températures d’élevage trop faibles sont autant de facteurs de risques facilitant une infection par Salmonella.

Les manifestations cliniques de la maladie


On distingue l’infection et la maladie. La salmonellose infection se traduit par un portage sain et sans symptômes ni lésions. La maladie s’exprime chez des animaux jeunes, pendant ou peu de temps après l’éclosion.

Symptômes

On observe une mortalité et une morbidité importantes  pendant les deux premières semaines de vie. Les signes sont similaires aux autres infections à salmonelles (pullorose, typhose) : les poussins sont frileux, blottis près des sources de chaleur, ébouriffés et meurent souvent déshydratés. On observe des signes respiratoires, une baisse de forme, de la somnolence, un amaigrissement et une diarrhée blanchâtre qui colle aux plumes du cloaque, mais aussi parfois des arthrites et des omphalites.

Lésions

Quand la septicémie et la mort apparaissent rapidement on observe assez peu de lésions, mais on retrouve sinon les lésions typiques de salmonelloses à savoir des foyers nécrotiques (intestins, foie, rate), des périhépatites et péricardites fibrineuses, un retard d’absorption et un contenu grumeleux du vitellus. Les caeca peuvent être dilatés avec un contenu caséeux. Les reins sont hypertrophiés et on peut y observer des cristaux d’urates.

Chez des animaux matures quelques SE peuvent provoquer de l’anorexie, de la diarrhée et une chute de ponte.

Le diagnostic


  • Il se fait dans un contexte de signes cliniques (isolement et identification à partir de cœur, foie ou vitellus) ou de dépistage (fonds de boîte, poussières, litière).
  • Dans le cadre règlementaire on utilise dans les laboratoires agréés deux milieux d’enrichissements ; le milieu Muller Kauffman (MK) ou le milieu MSRV. On repique ensuite sur gélose XLD et/ou  d’autres milieux spécifiques. On pratique ensuite une identification et un sérotypage. Le sérotypage se fait par agglutination monospécifique des antigènes O et H. On peut aussi définir le lysovar de l’isolat.
  • Des tests ELISA existent et permettent d’avoir un résultat en 48h pour une sensibilité de 98%.
  • La méthode PCR est possible mais reste encore onéreuse

Attention


Le froid et la congélation réduisent considérablement la population de salmonelles sur le prélèvement.

La prévention et le contrôle de la maladie


Traitement

En dehors des salmonelloses cliniques, les traitements antibiotiques des infections à Salmonelles est interdit en France. Ils réduisent le portage sans le supprimer.

Il est intéressant de noter que la réponse immunitaire des volailles pour cette maladie est très efficace, elle diminue la durée et l’intensité des signes cliniques et les possibilités de réinfection.

SE et ST sont peu résistantes aux désinfectants usuels et à la chaleur. L’application de bonnes pratiques de biosécurité est le levier majeur dans la prévention des salmonelles. Cela inclut aussi une bonne gestion des fientes et des litières, une lutte efficace contre les insectes et les rongeurs et une bonne désinfection du lot et du matériel entre les bandes.

Vaccination

Toute vaccination est interdite au stade de sélection. On n’autorise les vaccins vivants que sur les troupeaux de poulettes futures pondeuses d’œufs de consommation dans des sites très touchés. On peut règlementairement utiliser des vaccins inactivés sur les poules pondeuses d’œufs de consommation et sur les poulets et dinde de chair et les reproducteurs en multiplication (Gallus filière chair, dindes reproductrices). Le vaccin inactivé n’empêche pas le portage mais permet de limiter la contamination des ovaires et donc du jaune d’œuf.

On utilise des flores de barrière en pulvérisation sur des poussins pendant les premiers jours de vie, afin de les doter d’une flore « sûre » qui rentre en compétition avec les flores indésirables.

Depuis l’arrêté du 24 2013 les Salmonelles des sérovars Thyphinurium, Enteritidis, Hadar, Infantis et Virchow sont des dangers sanitaires de 1ère catégorie pour le poulet et la dinde, et de 2ième catégorie pour les autres types d’élevages (notamment les élevages de type reproducteurs).

Possibilités de vaccination contre SE/ST

Pondeuse Chair Dinde
Vaccin Sélection Reproduction Future pondeuse Ponte Reproduction Chair Sélection Reproduction Chair Sélection
Vivant non non oui*  non non non non non non non
Inactivé non non oui non oui oui non oui oui non

* si site de ponte infecté par SE ou SE au cours des 2 années antérieures + charte sanitaire

Les contrôles sont stricts et évoluent constamment. Chez les reproducteurs si une analyse positive est confirmée le troupeau est éliminé (les œufs sont éliminés ou assainis). En filière chair si le contrôle 3 semaines avant abattage est positif pour SE ou ST des mesures de police sanitaire sont prises pour la décontamination du bâtiment et s’il y a détection dans le muscle, la viande sera thermisée avant commercialisation.

En résumé


  • Danger sanitaire de 1ere catégorie
  • Importance du portage sain/asymptomatique par les volailles et de la persistance dans l’environnement
  • Signes cliniques possibles sur des animaux jeunes et affaiblis
  • Les SE et ST ont des propriétés invasives qui favorisent la contamination de l’œuf
  • SE et ST sont les agents principaux des TIAC, de par la forte consommation d’œufs.
  • La lutte passe par une politique d’éradication et des mesures rigoureuses de biosécurité.
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