L’ornithobactériose est une maladie bactérienne très contagieuse affectant la dinde, elle provoque une détresse respiratoire, de la mortalité et une diminution de la croissance. Elle n’a été découverte que récemment (1993).
L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène
L’agent étiologique est Ornithobacterium rhinotracheale (ORT), bactérie de la famille des Flavobacteriaceae. C’est une bactérie d’aspect pléomorphe, de type coque Gram négatif, de 1-3 µm sur 0.2-0.9 µm.
Cette bactérie est identifiée et détectée dans le monde entier. On recense actuellement environ une douzaine de sérotypes, de pathogénicité variable. Le sérotype le plus rencontré est le type A. La pathogénicité de la bactérie est très dépendante des facteurs environnementaux d’élevage des animaux, elle est souvent associée à d’autres infections bactériennes.
Les données épidémiologiques
Les hôtes principaux sont les dindes et les poulets, mais plusieurs espèces sont sensibles. Les animaux adultes présentent souvent une forme plus sévère de la maladie. Les troubles sont plus fréquents chez des dindes de plus de 14 semaines, mais des cas sont signalés sur des animaux plus jeunes (dès 11 jours). Chez les poulets, la maladie touche des animaux de 20 à 50 jours.
La maladie est devenue une dominante pathologique dans la filière dinde. On la trouve dans le monde entier ; en France, les cas d’ornithobactériose sont situés essentiellement en Bretagne et Pays de Loire en élevage de dinde ; la plupart du temps ils sont liés à une autre infection respiratoire (IB, Newcastle…)
La transmission se fait surtout par voie aérogène, et par l’eau mais aussi par transmission verticale, ORT a été isolé dans l’appareil reproducteur d’animaux infectés et dans leurs œufs.
Des enquêtes épidémiologiques révèlent la présence d’ORT dans de nombreux élevages sans forme clinique systématique associée : il existe un portage asymptomatique. Les oiseaux sauvages peuvent être considérés comme réservoirs potentiels.
Les manifestations cliniques de la maladie
Chez les dindes | Chez les poules pondeuses et les reproducteurs | Chez les poulets de chair |
SymptômesLes signes cliniques sont variables, selon la concomitance d’une infection secondaire et des facteurs environnementaux prédisposant (ventilation mal effectuée, surdensité, mauvaise hygiène). ORT est principalement responsable d’une pathologie de type respiratoire, mais peut provoquer des retards de croissance, des pathologies locomotrices, de la mortalité et des chutes de ponte. |
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La maladie est sévère chez les adultes, avec 15-50% de mortalité, par contre les jeunes sont moins touchés. Les dindes sont en détresse respiratoire, toussent (toux grasse), éternuent ; on observe de l’exsudat nasal et des sinus enflés. La ponte diminue et les œufs sont de mauvaise qualité. | La maladie s’exprime souvent au pic de ponte, ou juste avant l’entrée en ponte. On observe une augmentation de la mortalité, une baisse de la consommation et des signes respiratoires légers. On peut retrouver une chute de ponte, des œufs déformés et moins gros. On observe parfois de la paralysie. ORT a été isolé dans des cas de ténosynovite, chez des sujets ne se déplaçant pas, et présentant une baisse de croissance et des articulations gonflées. | Les poulets sont léthargiques, boivent et mangent moins, connaissent une chute de GMQ ; on observe un exsudat nasal et des éternuements, un œdème de la tête, avec ou non des signes respiratoires, et parfois une mort soudaine. On observe aussi parfois de la paralysie. La mortalité est de 2 à 10%. |
LésionsOn observe des lésions de l’appareil respiratoire : sinusite, trachéite mucosale, pneumonie souvent unilatérale avec hépatisation, aérosacculite avec exsudat muqueux. |
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On peut avoir une splénomégalie, de l’arthrite et de l’ostéomyélite. Lors de ténosynovite, on constate un gonflement uni- ou bilatéral de l’articulation tarso-métatarsienne, avec un écoulement séreux puis séropurulent à l’excision ; on observe aussi un œdème des gaines tendineuses autour de l’articulation, ainsi que des tissus musculaires et sous-cutanés adjacents. | On retrouve des œdèmes sous-cutanés de la tête, des ostéomyélites et des encéphalites. |
Le diagnostic
Les signes cliniques et lésionnels ont peu de valeur diagnostique. Le diagnostic de certitude est établi grâce au diagnostic de laboratoire :
- Diagnostic direct : Le diagnostic met en jeu de la bactériologie avec culture sur gélose au sang en atmosphère micro-aérophile, à partir de prélèvements de trachée, poumon et sacs aériens. Il faut préciser que l’on suspecte Ornithobacterium rhinotracheale, car les colonies sont petites et peuvent facilement être masquées par d’autres bactéries (Proteus, Coli). De plus il s’agit d’un diagnostic tardif, avec un délai de 2-3 jours pour les résultats bactériologiques, suivi de 24 heures pour l’antibiogramme. La détection par PCR peut être mise en œuvre et des techniques immunohistochimiques sont décrites.
- Diagnostic indirect : La sérologie est possible en utilisant le test d’agglutination sur lame ou le test ELISA. Cependant, la séropositivité d’un lot est fréquente et ne permet pas le diagnostic, il faut réaliser un suivi sérologique pour mettre en évidence une séroconversion.
Diagnostic différentiel
RTI, E. coli, Pasteurella, Riemerella, Haemophilus, Chlamydophila, BI, SIGT. Toutes les causes de ténosynovite.
La prévention et le contrôle de la maladie
Comme il s’agit d’une maladie très contagieuse, un protocole strict de nettoyage et désinfection s’impose. De même, la conduite en bandes unique est préférable.
Contrôle médical
La sensibilité de l’ORT aux antibiotiques est variable. La plupart des souches isolées en France sont sensibles à l’amoxicilline, la spectinomycine et au ceftiofur, et sont souvent résistantes à la colistine. Dans tous les cas, un antibiogramme est nécessaire. Le traitement doit être maintenu au moins 4 jours.
Vaccination
Des vaccins vivants ou atténués diminuent la mortalité et l’expression de la maladie sur les volailles. Des autovaccins à adjuvant huileux se sont révélés efficaces sur les dindes.