Virus poulet / dinde
La laryngotrachéite infectieuse (LTI) est une maladie respiratoire virale très contagieuse. Son incidence actuelle est limitée en élevage industriel mais elle peut entraîner des épizooties entraînant de sérieuses pertes économiques. Si elle concerne essentiellement l’aviculture des pays chaud (Maghreb), des cas sporadiques apparaissent régulièrement en France et notamment dans les basses-cours.

L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène


  • L’agent étiologique est un herpesvirus (Gallid herpesvirus type 1 = GaHV-1). Il en existe plusieurs souches, toutes très proches les unes des autres. Le pouvoir pathogène est variable selon les souches, mais il n’existe qu’un seul sérotype.
  • Le virus est peu résistant et sensible à la chaleur, à la dessiccation et à la plupart des désinfectants : il ne survit que peu de temps en dehors de l’hôte infecté.
  • Le virus se multiplie dans l’épithélium nasal, conjonctival et surtout, dans l’épithélium de la trachée et du larynx ; l’infection ne donne pas lieu à une virémie (= diffusion du virus dans le sang).

Les données épidémiologiques


  • La LTI affecte essentiellement le poulet, mais peut concerner aussi le faisan et le paon. Elle touche principalement les adultes. Les oiseaux de moins de 2 semaines sont réfractaires à la maladie.
  • La maladie survient en élevage suite à une introduction d’oiseaux porteurs sains ou de vecteurs animés, ou suite à l’emploi de vaccins insuffisamment atténués. Alors qu’autrefois on observait surtout des foyers épizootiques, actuellement, l’infection est sporadique à enzootique.
  • Les sources de la maladie sont les oiseaux porteurs sains, les malades et les vaccinés. L’agent pathogène étant un herpesvirus, les oiseaux infectés ou vaccinés sont porteurs à vie.
  • Les oiseaux en phase d’incubation sont plus contagieux que les porteurs sains. Les matières virulentes sont le mucus et les exsudats de la trachée (aérosols).
  • La transmission est horizontale et directe par les aérosols d’un oiseau à un autre, ou indirecte à partir de nombreux supports (camion, équipements, matériels, personnels, vêtements, litière, …). Il n’y a pas de vecteurs animaux, mais les poulets de basse-cour sont souvent en cause dans le déclenchement d’une épizootie. Aucune transmission verticale n’est démontrée.
  • La pénétration du virus se fait par voie respiratoire ou oculaire, la voie digestive étant secondairement possible.
  • Malgré la circulation du virus dans la faune sauvage, celle-ci ne peut pas être considéré comme étant un réservoir de la maladie.

Les manifestations cliniques de la maladie


Symptômes
  • Dans la forme aiguë, l’incubation est de 6-14 jours. La morbidité est de 100% et la mortalité est en général comprise entre 20 et % mais elle peut atteindre 70%. L’évolution se fait sur 2 semaines. On remarque une détresse respiratoire sévère accompagnée d’expectorations sanguinolentes, une conjonctivite modérée à sévère, une sinusite, une baisse de croissance et une chute de ponte.
  • Dans la forme subaiguë, la morbidité est de 2-3%, la mortalité de 1% et les symptômes sont plus discrets : conjonctivite, écoulements oculaires, toux et jetage, accompagnés d’une chute de ponte réduite et d’une croissance dégradée.
  • Il existe une forme inapparente, qui peut expliquer une circulation virale à bas bruit. Lors d’infection naturelle les oiseaux survivants récupèrent au bout de 10 à 14 jours voir 3 semaines pour les cas extrêmes.
Lésions
  • Apparaissent 48h après le début des symptômes et varient selon la sévérité de l’infection.
  • On observe une congestion, du mucus, des hémorragies, voire des nécroses dans les cas les plus sévères, au niveau du larynx et de la trachée, de la conjonctivite et une sinusite séreuse. Quelquefois, une pneumonie et de l’aérosacculite sont observées. Au bout de 1 à 3 jours, apparaît l’inflammation catarrhale.
  • Au niveau microscopique sont observées des inclusions intranucléaires éosinophiles de type Cowdry A.

Le diagnostic


Diagnostic de laboratoire

Met en jeu l’histopathologie (très spécifique, mais peu sensible), la PCR ou la sérologie (peu recommandé pour le diagnostic clinique).
Les prélèvements de choix sont la trachée, la bifurcation des bronches, les poumons, des écouvillons trachéaux.
Le diagnostic est établi lorsque l’examen sérologique est positif ou si l’agent viral est mis en évidence.

Diagnostic différentiel

Forme diphtérique de la Variole aviaire, Maladie de Newcastle, Influenza aviaire, Bronchite infectieuse, l’Adénovirose aviaire, Aspergillose.

La prévention et le contrôle de la maladie


Lors de foyer épizootique
  • Il est recommandé de renforcer les mesures de biosécurité autour des lots infectés (mise en quarantaine, désinfection du matériel, réduction des échanges, limiter les contact). La LTI étant très contagieuse, les visites doivent être limitées.
  • S’il s’agit de poules pondeuses, on peut tenter de vacciner dès les premiers cas diagnostiqués : il est alors préférable de vacciner individuellement, par instillation oculaire. Cependant les poules déjà atteintes ne seront pas protégées et il faut s’attendre à une chute de ponte. En fonction de l’âge du lot, on pourra anticiper la réforme et recommander l’abattage et le repeuplement.
  • S’il s’agit de poulets de chair, il faut faire abattre les lots dès que possible, en prenant les précautions d’usage (abattage en fin de journée, hygiène), puis mettre en place un protocole rigoureux de nettoyage-désinfection et un vide sanitaire, avant de mettre en place le lot suivant.
  • La litière est également contaminée. Elle doit donc être manipulée en observant des précautions sanitaires évidentes et en en veillant notamment à ne pas la stocker et l’épandre prés des bâtiments et des parcours de volailles ; le compostage est une bonne solution d’assainissement. Il faut ensuite renforcer le protocole de nettoyage et désinfection.
  • Le lot suivant pourra être vacciné, de même que les lots voisins considérés à risque.
La prévention
  • Fait intervenir des mesures sanitaires, avec des mesures de biosécurité très importantes pour contrôler la maladie. Il faut éviter le contact avec les poulets de basse-cour.
  • L’agent viral est sensible à la chaleur (38°C pendant 100h pour les carcasses) et aux désinfectants usuels comme les ammoniums quaternaires ou l’ion hypochlorite.
La vaccination
  • Elle est possible mais présente des inconvénients : coût élevé, réactions post-vaccinales, propagation du virus vaccinal et risque de recombinaison avec le virus sauvage.
  • La vaccination confère à l’oiseau vacciné le statut de porteur à vie du virus, de la même façon que l’infection par un virus sauvage. Cependant la vaccination d’un lot infecté permettrait de limiter cette infection dans le temps et dans le nombre d’individus touchés.
  • Les vaccins, à agent atténué, doivent être administrés individuellement, en instillation oculaire. En effet, il ne faut pas nébuliser le vaccin, au risque de favoriser une circulation de virus vaccinal dans le lot (« rolling infections »). Les vaccins inactivés ne sont pas utilisés car trop coûteux.
  • La vaccination n’est recommandée que dans les régions du monde où la maladie est enzootique, ou sur des animaux destinés à repeupler un élevage ayant subi un épisode de LTI. On vaccine les pondeuses avant la période de ponte, ou en tout début d’un épisode de LTI.

Il n’existe aucun traitement pouvant limiter l’infection ou les signes cliniques.

En résumé


  • La LTI est une infection relativement rare en France mais elle réapparaît depuis quelques années sous forme de cas sporadiques, notamment chez les volailles à vie économique longue (poules pondeuses ou reproducteurs, chapons et poulardes) et les basses-cours. Les cas observés sur le poulet de chair standard restent très rares.
  • Les formes cliniques observées sur le terrain sont essentiellement subaiguës : leur diagnostic est alors délicat en première intention.
  • Le recours à la vaccination d’urgence est une réponse appropriée sur des animaux à vie économique longue et à forte valeur économique.
  • En cas d’apparition d’un foyer, la réponse primordiale consiste à renforcer immédiatement les mesures de biosécurité pour séquestrer les animaux infectés et ainsi éviter la diffusion du virus.
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