Le coryza infectieux ou infections à Avibacterium paragallinarum est une maladie bactérienne, affectant le système respiratoire supérieur. Elle est caractérisée par une inflammation aiguë de l’appareil respiratoire haut. Son impact semble faible aujourd’hui et est surtout économique, en relation avec des baisses de performance. On la rencontre plus régulièrement dans les régions chaudes.
Anciennement appelée hémophilose aviaire (appellation désormais impropre), cette maladie de faible prévalence ne doit pas être confondue avec le syndrome « coryza» qui est très banal, souvent bénin, et dont les causes sont très variées (facteurs d’environnement, bactéries, virus, …).
L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène
L’agent étiologique est Avibacterium paragallinarum (Ancienne dénomination : Haemophilus paragallinarum). Il s’agit d’un coccobacille Gram-, en forme de bâtonnet, de 0.4-0.8 µm sur 1-3 µm. Elle est non mobile et non sporulée. On distingue 3 sérotypes (A, B et C), ainsi que de nombreuses souches.
Il s’agit d’une bactérie fragile, qui ne survit pas longtemps dans le milieu extérieur. Elle est inactivée à température ambiante en 24h, par une solution de formol (0.25% à 6°C) en 24h. Par contre, elle résiste bien aux basses températures.Sa culture est favorisée par la présence de CO2 et nécessite certains facteurs de croissance (NADH notamment).
La bactérie infecte l’hôte par les voies respiratoires supérieures et adhère aux muqueuses. Elle se développe et génère des lésions par destruction des épithéliums nasaux, sinusaux et trachéaux.
Les données épidémiologiques
- La maladie touche principalement les poulets. On l’isole aussi chez le faisan, la pintade, le pigeon, et de façon expérimentale chez l’oie et la caille. Par contre, elle ne semble pas infecter la dinde. Tous les âges sont sensibles mais les adultes sont plus sévèrement affectés.
- L’importance de la maladie semble moindre en France, mais elle est sans doute très largement sous-estimée, du fait de la difficulté d’établir le diagnostic microbiologique.
- Les sources d’infection sont les oiseaux malades et les sujets porteurs : la source principale de bactéries est constituée par les porteurs sains.
- L’agent est excrété dans les exsudats nasaux et sinusaux.
- La transmission est horizontale et se fait surtout par la voie aérienne (entre oiseaux par contact direct ou entre élevages) ou indirectement par l’eau de boisson, l’aliment ou le matériel.
- La maladie est aggravée par des facteurs environnementaux (forte densité, mauvaise ventilation, écarts de température, stress) et des infections concomitantes (mycoplasmes, colibacilles).
Les manifestations cliniques de la maladie
L’incubation dure 3 à 8 jours. Sauf complication, les signes cliniques durent souvent 1 à 2 semaines. La morbidité dans un lot atteint est élevée, mais la mortalité est généralement faible.
Symptômes
- Le principal signe est un écoulement nasal, séreux puis muqueux.
- Les animaux sont souvent abattus et leur consommation baisse. Ils présentent des difficultés respiratoires (râles). Les oiseaux secouent la tête et sont sensibles à la palpation. On trouve des têtes enflées, des éternuements, de la conjonctivite, des crêtes enflées (surtout chez les mâles). Dans certains cas, on retrouve l’association tête enflée-arthrites.
- D’autres signes sont moins fréquents : diarrhée, chute de ponte (de 10 à 40%).
Lésions
- Les lésions sont surtout respiratoires et localisées à la tête. On observe de la rhinite aiguë, de la conjonctivite, de la sinusite catarrhale infra-orbitaire. On peut aussi identifier des lésions de cellulite.
- Quelquefois, les lésions sont plus profondes (surtout lors de surinfections) : pneumonie, aérosacculite.
- A l’observation microscopique, on observe une dégénérescence cellulaire, une hyperplasie de l’épithélium muqueux et glandulaire et une infiltration de la lamina propria par des neutrophiles. Dans les sinus infraorbitaires, on note une infiltration diffuse par des cellules lymphoïdes.
Le diagnostic
Diagnostic clinique
Basé sur la présence de signes respiratoires : râles, détresse respiratoire, tête enflée, rhinite, sinusite, conjonctivite.
La bactériologie est la méthode incontournable pour le diagnostic de laboratoire. Les écouvillons des sinus, prélevés stérilement, sont les prélèvements de choix ; le prélèvement de jetage est par contre à proscrire. La culture est effectuée sur gélose au sang (avec ajout de facteurs de croissance ou d’une culture de bactéries « nourrices ») ou sur gélose chocolat en atmosphère enrichie au CO2 ; les colonies apparaissent en 24-48h ; l’identification se fait par recherche de caractères biochimiques et surtout, de typage MALDI-TOF. Attention : cet isolement est très délicat et réservé à des laboratoires expérimentés.
La PCR peut être utilisée. La sérologie (par agglutination) est peu efficace et n’est pas utilisée en pratique.
Diagnostic différentiel
Autres causes de « coryza », choléra, SIGT, variole
La prévention et le contrôle de la maladie
Traitement
Basé sur l’antibiothérapie. A.paragallinarum est souvent sensible à l’érythromycine, la gentamicine, la spectinomycine, la tétracycline et les associations sulfamides-triméthoprime. L’intervention doit avoir lieu le plus tôt possible. Le traitement n’assure qu’une guérison clinique, des rechutes sont possibles.
Vaccination
Il n’existe pas de vaccin disponible en France (mais sont disponibles dans certains pays).
La prophylaxie repose donc sur des mesures de biosécurité.