La bronchite infectieuse ou coronavirose est une maladie virale de distribution mondiale, très fréquente et très contagieuse. Elle a une importance économique majeure, puisqu’elle entraîne de grandes pertes dans la production d’œufs et le gain de poids, et peut aussi provoquer des saisies à l’abattoir. Elle a été décrite pour la 1ère fois en 1930 aux USA sous sa forme respiratoire, puis dans les années 40 pour la forme reproductrice et dans les années 60 pour la forme rénale. Des formes génitales peuvent avoir également un impact important sur la ponte.
L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène
L’agent étiologique est un coronavirus, à ARN monocaténaire, de 80-160 nm, enveloppé. Des spicules (« spike ») à la périphérie du virion donnent l’impression d’une couronne et ont une grande importance antigénique. Ce virus a une forte capacité d’évolution, par mutation ou recombinaison de son long génome (> 30 kb). Le virus est sensible à la plupart des désinfectants. Les particules virales peuvent cependant survivre plusieurs mois à des températures négatives.
On connaît au moins une douzaine de sérotypes, les plus répandus en Europe étant le sérotype « classique » Massachusetts, les sérotypes variants 793B, QX et Italy02. La protection croisée entre les sérotypes est souvent faible, voire nulle. Certains ont un tropisme autre que respiratoire : génital ou rénal, notamment. La grande variété des sérotypes et de la virulence des souches, associée à une contagiosité élevée expliquent la persistance de la maladie.
Le virus se réplique tout d’abord dans l’épithélium des voies respiratoires puis se distribue dans les organes internes. Il a un tropisme plus marqué pour les cellules épithéliales en phase de multiplication active.
Les données épidémiologiques
Le virus a été détecté chez de nombreux oiseaux, sans signes cliniques associés : seul le genre Gallus est sensible. Le rôle des espèces autres que Gallus n’est pas clair, s’ils sont ou non une source de multiplication et de contamination pour les élevages. Il existe des coronavirus similaires chez la dinde ou chez le faisan. Les oiseaux de tous âges sont sensibles, mais les signes cliniques sont plus sévères chez les jeunes : avec l’âge, les lésions rénales, de l’oviducte et la mortalité diminuent. Les manifestations respiratoires se rencontrent surtout chez les oiseaux âgés de moins de 5 semaines.
La BI se transmet surtout par la voie respiratoire, par les aérosols et par les fèces. Les matières virulentes sont constituées par le jetage et les fientes. La transmission est horizontale, de façon directe (d’oiseaux malades à oiseaux sensibles), et indirecte (par l’eau, le matériel,…).
- L’excrétion virale par le jetage peut durer environ 10 jours ; en revanche l’excrétion fécale peut durer jusqu’à 20 semaines.
- Les prélèvements cloacaux seront donc plus pertinents pour détecter une excrétion virale tardive.
Les manifestations cliniques de la maladie
La morbidité est proche de 100%. La mortalité est souvent faible (sauf pour la souche à tropisme rénal). L’incubation est courte (18-36h).
Symptômes
Ils dépendent du sérotype et de son tropisme. Souvent, il y a peu de signes, et les animaux guérissent spontanément. Les signes sont plus sévères chez les jeunes, avec une mortalité d’origine primaire. Chez les adultes, la mortalité est souvent causée par des infections secondaires.
- Signes respiratoires : toux, râles trachéaux humides ou bruit de pompe chez les jeunes, éternuements, écoulement nasal séro-muqueux jamais hémorragique, parfois sinus enflés et conjonctivite séreuse avec yeux humides.
On les observe principalement chez le poulet. Ces signes peuvent être accompagnés de symptômes généraux chez les jeunes. La guérison souvent spontanée en 2 semaines s’accompagne d’un retard de croissance marqué. Il y a de fréquentes complications de MRC, surtout chez les poulets en fin d’engraissement. Chez les pondeuses plus âgées, les signes sont plus discrets voire absents. - Signes reproducteurs : chute de ponte (10-70%), œufs de mauvaise qualité (coquille mince ou absente, pâle ou rugueuse, albumen trop liquide, œufs déformés), lésions à l’oviducte.
Le passage du virus sur des futures pondeuses de moins de 2 semaines aura, outre les signes respiratoires, des conséquences désastreuses sur la ponte (« fausses pondeuses »). La présence d’anticorps d’origine maternelle peut éviter l’apparition de ces lésions. Le passage de Bronchite Infectieuse en début de ponte provoque une légère baisse de ponte, qui rentre dans l’ordre en 1 à 2 semaines. Une infection juste après le pic de ponte a, en général, des conséquences catastrophiques. La maladie en fin de ponte entraine l’arrêt irréversible de cette dernière. - Signes rénaux (avec certaines souches virales) : dépression, soif intense, fèces humide, mortalité. Les oiseaux de moins de deux semaines d’âge ont une néphrite plus sévère et une mortalité associée plus importante.
Il se multiplie aussi dans le tractus gastro-intestinal, mais avec peu de lésions associées.
Lésions
Trachéite avec mucus ou amas caséeux que l’on retrouve aussi dans les bronches primaires, mousse dans les sacs aériens, écoulement nasal chez les jeunes, parfois sinusite, hypertrophie et pâleur des reins, avec parfois des cristaux d’urates, rupture des follicules ovariens dans l’abdomen, oviducte kystique chez les adultes ou atrophié chez les poules infectées en cours de croissance.
Le diagnostic
Diagnostic clinique
Repose sur des signes cliniques et lésionnels peu spécifiques et il est presque toujours nécessaire d’avoir recours au laboratoire. Aucune technique de laboratoire n’est totalement satisfaisante pour confirmer l’infection par un sérotype spécifique.
Diagnostic de laboratoire
Sert à la confirmation. On utilise la RT-PCR ou principalement la sérologie. Les prélèvements sont différents selon l’ancienneté de l’infection. On peut utiliser des écouvillons trachéaux ou de la trachée si l’infection dure depuis moins d’une semaine. Si elle est plus ancienne, il faut soumettre aussi des organes comme le poumon, le rein, l’oviducte, les amygdales caecales ou des écouvillons cloacaux.
Diagnostic différentiel
Maladie de Newcastle, laryngotrachéite infectieuse, coryza infectieux, adénovirus. La BI est à considérer dans tout syndrome de chute de ponte.
La prévention et le contrôle de la maladie
Il n’existe pas de traitement spécifique de la Bronchite Infectieuse. L’amélioration du confort des animaux permet d’accélérer leur guérison. L’antibiothérapie raisonnée et fondée sur un antibiogramme peut limiter les infections secondaires.
Des niveaux élevé d’anticorps d’origine maternelle réduisent la sévérité des lésions lors d’une infection les premiers jours de vie.
La vaccination est efficace. Il existe des vaccins à virus vivant atténué, administrables par voie oculaire (pas entre 6 et 10 jours), par nébulisation, ou dans l’eau de boisson. Il existe aussi des vaccins à virus inactivé, injectables par voie sous-cutanée ou intramusculaire.
Des échecs sont possibles si le choix du sérotype n’est pas pertinent, si un stress ou une autre vaccination ont lieu en même temps, ou si la nébulisation est trop grossière.
Chez le poulet, on utilise les vaccins à virus vivant atténué ; les vaccins à virus inactivés sont réservés aux oiseaux à durée de vie plus longue (pondeuses, reproducteurs).