Parasites
L’aspergillose est une maladie respiratoire due au parasitisme par divers champignons du genre Aspergillus, décrite depuis le 19è siècle. Elle est d’une grande importance dans de nombreuses espèces avicoles et est décrite dans le monde entier. L’incidence économique semble être la plus grave dans la filière dinde.

L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène


L’agent étiologique est Aspergillus spp. Il en existe de nombreux types : le plus fréquent est de loin Aspergillus fumigatus. Les Aspergillus sont des champignons saprophytes vivant dans le milieu extérieur. Ils abondent dans les fourrages humides, l’herbe en putréfaction, la paille moisie, les grains et farines mal conservés. Ce sont des constituants banals de la flore fongique ambiante.

A. fumigatus est thermophile (optimum thermique à 38°C) et aérophile. Il est également thermotolérant : il peut survivre à des températures allant de 9°C à 70°C. La dissémination d’Aspergillus se fait grâce aux spores de ce champignon.

Il y a peu d’immunité induite par l’infection. On distingue dans l’évolution de l’affection une mycose primaire (inhalation des spores et envahissement du tissu sain) et une mycose secondaire (prolifération du mycélium sur des lésions récentes ou provoquées par une maladie intercurrente). Il y a sensibilisation de l’organisme par le mycélium et les spores qui entraînent une allergie. Les toxines d’Aspergillus dégradent le foie et les reins.

Les données épidémiologiques


  • L’aspergillose concerne toutes les espèces de volailles, mais principalement les poussins, les oiseaux sauvages et les dindes. Cependant, les palmipèdes sont de plus en plus concernés.
  • La forme aiguë touche surtout les jeunes poussins, les dindes, les palmipèdes et la pintade.
    La forme chronique touche surtout les dindes adultes et entrainent de grosses pertes à l’abattoir.
  • Tous les individus sont en contact avec Aspergillus. Des causes favorisantes de contamination et des facteurs de réceptivité et de sensibilité sont nécessaires à l’expression de la maladie. Une mauvaise ventilation, de l’humidité, de la poussière et une mauvaise hygiène sont des facteurs prédisposants. Le poulet est moins réceptif que le dindon, la pintade, le faisan et la perdrix. Les Ansériformes sont moins sensibles. L’âge a une importance : les jeunes sont plus réceptifs et plus sensibles ; les animaux contaminés au delà d’un mois ne développeront que des formes chroniques à localisation respiratoire. Des états immunitaires individuels (état pathologique, physiologique) peuvent prédisposer à l’aspergillose. Les animaux en bonne santé sont résistants, sauf si la pression infectieuse est importante ou en présence d’un stress.
  • Ce n’est pas une maladie contagieuse. Elle se transmet par de la litière contaminée. L’infection se fait par voie respiratoire par inhalation de spores d’Aspergillus. L’infection digestive est possible en cas de lésions préexistantes de la muqueuse digestive. Elle peut aussi être acquise dans l’œuf, par passage des spores à travers la coquille souillée.

Les manifestations cliniques de la maladie


La morbidité et la mortalité sont élevées chez le jeune, plus faibles chez l’adulte. Les animaux peuvent guérir spontanément sur une longue période (plusieurs semaines).

Symptômes

La forme aiguë, typique, atteint les jeunes oiseaux de quelques jours mais peut survenir dès les premières heures après l’éclosion. On observe des troubles respiratoires avec de la dyspnée, de la tachypnée, de la cyanose. On peut observer des signes digestifs, avec une diarrhée blanchâtre, et souvent des signes nerveux (torticolis, défaut d’équilibre). Les oiseaux montrent de l’abattement. La mort survient en 1-2 jours et le taux peut être élevé.

  • Une forme subaiguë chez des oiseaux de 2-3 semaines évoluant en 8-10 jours, se traduit par des signes respiratoires et digestifs plus atténués, avec aussi possibilités de boiteries et déformations.
  • La forme chronique, la plus fréquente chez des sujets de plus de 1 mois, ne présente que des signes respiratoires (dyspnée).

On peut aussi constater une kératoconjonctivite blanchâtre (lors d’une infection directe) ou de l’endophtalmite (lors d’une infection systémique).
L’aspergillose des œufs, rare, est détectée au mirage par des plages brunes.

Lésions

On observe des granulomes blanchâtres dans les poumons, les sacs aériens, la bifurcation des bronches. Ils deviennent ombiliqués ou surélevés à la longue. Il y a ensuite apparition de moisissure verdâtre (allure de « roquefort ») si l’infection est chronique.
On peut trouver des zones jaunâtres dans le cerveau, des exsudats blanchâtres sur ou dans l’œil, des granulomes dans les viscères. Les œufs peuvent être contaminés, avec présence de moisissures.

Le diagnostic


Diagnostic clinique

Repose sur l’observation de signes respiratoires chez de jeunes oiseaux, pouvant être associés à des signes nerveux. A l’autopsie, on remarque les granulomes et la moisissure.

Diagnostic de laboratoire

Met en jeu l’histologie, avec observation d’hyphes et de conidiophores. On peut aussi réaliser une mycoculture sur gélose de Sabouraud. La sérologie n’est pas utile.

Diagnostic différentiel

Autres causes de pneumonie et d’aérosacculite, déficience en vitamine A, mycobactériose, dactylariose.

La prévention et le contrôle de la maladie


Traitement

Il n’existe pas de traitement vraiment efficace et utilisable en pratique. Les traitements envisageables (iodure de potassium, antibiotiques spécifiques, nystatine, sorbate de tétracycline, amphotéricine B) sont coûteux et décevants. Seul le traitement d’oiseaux de très haute valeur est envisageable. Néanmoins, une brumisation à base d’énilconazole peut s’avérer efficace lors d’aspergillose due à des repaillages en cours de lot.  Les dose est de 20 mg/m3. (Spécialité avec AMM bovine). Par brumisation matin et soir pendant 3 jours. Il s’agit d’une thérapie hors AMM. Il y a donc un délai forfaitaire de 28 jours.
Seules les mesures de prévention sont donc envisageables.

Prévention

Les mesures sanitaires sont primordiales. Elles relèvent de l’hygiène générale : bonne aération des locaux, changement fréquent de la litière, bonne conservation des aliments, bonne conception des couvoirs. On peut réaliser en prévention des fumigations d’énilconazole, de thiabendazole dans les locaux vides et sur la litière en absence des animaux.

En résumé

  • Maladie respiratoire due à une spore saprophyte
  • Causes favorisantes de l’expression clinique (mauvaise ventilation, humidité, poussière)
  • Diagnostic histologique de référence ou mycoculture
  • Pas de traitement efficace mais mesures sanitaires et médicales envisageables
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