Publication : quel rôle des basses-cours dans la dissémination des virus influenza aviaires?

La chaire de biosécurité aviaire publie en mars 2019 dans le journal Emerging Infectious Diseases© un article sur le rôle des basses-cours dans la dissémination du virus IAHP H5N8 en 2016-2017.

Les risques sanitaires liés aux basses-cours

Les élevages familiaux ou basse-cours se développent constamment depuis plusieurs années en France, et les sollicitations pour l’appui sanitaire de ces « élevages » deviennent très significatives. Les travaux conduits à l’échelle internationale ont montré que les basse-cours peuvent représenter des enjeux pour la maîtrise de grands dangers sanitaires (influenza aviaire évidemment, mais aussi maladie de Newcastle, salmonelles, mycoplasmes…).

L’application de la notion de « biosécurité » pose problème pour ces élevages de petite taille et amateurs. Pour autant, il est probable que les pratiques de ces élevages les rendent particulièrement vulnérables à certains agents pathogènes. Le suivi sanitaire de ces élevages est par ailleurs compliqué en raison de la difficulté à les identifier. L’évaluation de la circulation d’agents pathogènes dans cette catégorie d’élevage permettra plus largement d’éclairer l’analyse des risques sanitaires liés aux élevages avicoles en France.

Une étude spécifique sur la contribution des basses-cours à la diffusion des virus influenza lors de l’épisode 2016-2017

La chaire de biosécurité aviaire de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse a réalisé une étude du statut sanitaire des basse-cours localisées dans un rayon de 1km autour des foyers H5N8(HP) dans 39 communes du Gers (Figure 1). 169 basse-cours ont été identifiées et 70 d’entre elles ont été enquêtées et prélevées de mars à mai 2017. Les statuts sérologiques et virologiques ont été déterminés. Des statistiques descriptives ont ensuite été réalisées afin d’estimer les séroprévalences, de définir les pratiques et d’identifier les facteurs de risques.

Résultats de l’étude :

La séroprévalence au niveau des basse-cours a été estimée à 25 % pour l’influenza aviaire et 11% pour le sous-type H5. Il a été montré que si l’on considère l’ensemble des virus influenza aviaires, les basse-cours possédant des palmipèdes étaient deux fois plus à risque d’être séropositives. De la même façon, pour l’ensemble des virus de sous-type H5, une basse-cour avec palmipèdes était 5 fois plus à risque d’avoir un statut séropositif. Surtout, l’existence d’un lien entre la basse-cour et les élevages commerciaux constitue un risque très significatif : ce risque de séropositivité a été évalué comme 6 fois plus élevé pour l’influenza aviaire et 20 fois plus élevé vis-à-vis du sous-type H5.

Ces résultats indiquent que si les basse-cours semblent avoir joué un rôle très limité dans la dissémination des virus IAHP H5N8 entre les élevages commerciaux de volailles lors de l’épidémie 2016-2017, la présence de palmipèdes et surtout, les « liens humains » avec la filière avicole commerciale semblent être des facteurs de risques déterminants. Ces travaux se poursuivent dans le cadre du projet de thèse d’Université de Marie Souvestre, afin de mieux évaluer le risque sanitaire et de proposer des mesures de biosécurité ciblées, basées sur une connaissance fine des agents présents dans les basses-cours et des liens avec les élevages commerciaux.

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